L'enfer des "Paradis fiscaux"

Suite à la rencontre-débat avec le CCFD, les frères Alain et Eric Bocquet (auteurs du livre "Sans domicile Fisc"), P.Jean-Marc Bocquet animé par le journaliste Philippe Courcier.

L'enfer des "Paradis fiscaux"

Le 10 octobre 2017 a eu lieu la rencontre-débat avec le CCFD, les frères Alain et Eric Bocquet (auteurs du livre "Sans domicile Fisc"), Père.Jean-Marc Bocquet, Lisa Robbinda (CCFD-Terre Solidaire) et le journaliste Philippe Courcier, à la maison du diocèse, à Raismes.

 

« Comment sortir de l'enfer des paradis fiscaux ? ».


Lisa Robbinda a d'abord présenté ce que le CCFD s'efforce de faire depuis des années pour la transparence au niveau des comptes des entreprises et la lutte pour prendre des mesures visant à combattre l'évasion fiscale (il s'agit d'un jeu de passe-passe mené par des juristes de haut vol qui qui utilisent les lois pour toujours plus d'argent aux actionnaires et un retour minimum pour les impôts et donc pour le bien commun).


C'est le P.Jean-Marc Bocquet qui a poursuivi, en disant que l'Eglise, dans les pas du Christ s'oppose à la volonté actuelle individualiste du "Toujours plus" et qu'il y a des limites à l'Avoir.
Il est incompréhensible de voir 9 personnes les plus riches au monde posséder autant que 3 milliards d'êtres humains sur terre. Il est nécessaire de trouver un support moral qui mette un terme à cette pente sociétale qui mène à des inégalités toujours plus criantes et source de violences extrêmes. Des micro-sociétés au cours de l'histoire ont montré qu'il était possible de faire autrement.

 

« Alors que faire contre les paradis fiscaux ? »


D'abord analyser pour comprendre, et c'est ce qu'ont fait Alain  (ancien député et maire de St Amand), et Eric Bocquet (sénateur maire de Marquillies) en menant 2 commissions d'enquête successives, pour montrer que l'argent existe pour recréer des conditions d'espoir dans le vivre ensemble (emploi, habitat...) et démontrer que les fraudeurs ne sont pas toujours ceux à qui on pense. Ils ont auditionné 130 personnes, ONG, syndicats, banques, représentants de groupe...ont fait plusieurs pays (Belgique, Luxembourg, Angleterre, Jersey...).
Trois points étaient mis en valeur:

 

  • premièrement les chiffres, le montant de l'évasion fiscale en France s'élève à environ 70 milliards d'euros (somme qui correspond au déficit public français).
  • deuxièmement, la légalité des faits ; la loi permet tous les stratagèmes de fuites de l'impôt, des spécialistes (avocats fiscalistes) en font même leur travail. Il faudrait donc absolument changer la loi.
  • Troisièmement, il y a connivence entre les politiques et les financiers: MM.Junker, Cahuzac, Baroso en sont quelques exemples.


Trois zones d'accueil sont bien répertoriées en Amérique, Europe et Asie avec par exemple: les Bermudes, les îles Caïman (qui possède un immeuble de 5 étages regroupant 12748 entreprises!!!), l'Irlande, le Luxembourg, Singapour pour ne citer que ceux-là. Les formalités administratives sont très faciles, il suffit de quelques coups de fil au bon numéro !


Donc ce sont les citoyens, les associations qui doivent réagir, utiliser leur pouvoir de décision pour notre consommation, choisir nos entreprises, prendre conscience de cela, être en alerte, oser intervenir comme l'ont fait les lanceurs d'alerte, prendre des initiatives au niveau local, le faire ensemble, en groupe pour peser ...


On n'a tiré aucune leçon de la crise de 2008 : 40 % de l'argent qui circule est incontrôlée (blanchiment d'argent, mafias, drogues, armes, traite des réfugiés, terrorisme).
Peut-on livrer cela à nos enfants demain ?


Il faut faire reculer cette monstruosité.


- La régulation est nécessaire: avec la transparence des comptes de tous les groupes, entreprises et personnes ; 
- Création d'une COP (comme la COP 21), l'idée a été reprise par le Conseil Economique Social et Environnemental.
- L'action de chacun dans son entreprise, dans sa collectivité locale.
- Avoir des exigences morales, pour que la pureté financière prenne peu à peu sa place.


Mais pour cela, il faut aussi que chacun individuellement revoit ses finalités, accepte de suivre une ligne de conduite vers plus de frugalité, il serait possible que chacun parvienne à avoir le minimum vital pour vivre en faisant attention aux relations des uns envers les autres.


Le P. Jean-Marc Bocquet nous rappelle l'importance des 4T, cités par le pape François : Toit, Terre, Travail, Temps, sinon la réquisition des biens de la terre pourra mener à détruire le futur de nos enfants.


Les gens de bonne volonté ont à s'unir, à s'indigner.


Pour être cohérent avec l’Evangile, au nom de la dignité des personnes, il faut agir, nous avons 4 arguments:

  • la destination universelle des biens.
  • la subsidiarité.
  • le bien commun.
  • l'option préférentielle pour les pauvres.

 

                                                                                                   Sylvie Moyart.

 

Article publié par Vivier • Publié le Jeudi 19 octobre 2017 • 1224 visites

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