Des paysans dans le debat

Le ciné-débat qui a eu lieu à Rumegies a permis à Bertrand Huart et à M.Vandesompele de répondre aux questions posées par le public venu nombreux voir le film "Paysans du Ciel à la terre" et d'expliquer le désarroi actuel des agriculteurs.

Prenté par Valerie Soyez, le film "Paysans du Ciel à la terre" montre l'épopée d'un photographe qui prend des photos de paysage de son avion, surtout en Hauts de France et qui constate depuis quelques temps la dégration des sols et notamment des champs, par l'appartion de coulées de boues qui ravinent les champs. Voulant trouver une réponse à ce qui lui pose question, il part interviewer des agriculteurs et des maires, des habitants, des scientifiques pour comprendre le phénomène.

Une chose est certaine le terre auparavant ressemblée à une énorme passoire qui filtait l'eau vers les nappes phréatiques, grâce aux multitudes d'alvéoles et couloirs tracés par les vers de terre ettout le microbiote. Aujourd'hui, dans de multiples endroits, l'utilisation effrénée de produits chimiques (engrais [exemple azote liquide, équivalent à du pétrole transformé], pesticides, fongicides) et les labours répétés ont conduit à la destruction partielle des petits animaux, vers, scarabés et à la destruction de leur habitat et reseau de circulation qui permettait à l'eau de partir vers les profondeurs souterraines, il en resulte une transformation du limon en un ciment opaque qui fait glisser les eaux (souvent torrentielles en ce moment) en surface de champ et vers les rivieres et les routes, entrainant l'embourbement des lits de ruisseaux, envoyant par là même nombres de matières chimiques.

Pour résoudre ce problème, on peut trouver:

- des agricultuers bio qui n'utilisent pas de produits chimiques, et protègent ainsi les multiples alliés naturels (lombric, cloportes, scarabés...) mais dont le labour entrainera quand même la destruction partiel des habitats.

-des agriculteurs conventionnels qui pratique une agriculture dite de conservation, avec moins de labours et plus de sols couverts (il y aura moins de destruction des habitats de la faune souterraine mais ils utiliseront néanmoins du glyphosate pour bruler en surface le couvert vert); et la volonté de nourrir les micro-organismes (des éléments nourrissants les bonnes bactéries sont pulvérises)

Si cette évolution se fait au niveau de l'agriculture, c'est que les rendements diminuent et qu'il n'est plus question de pratiquer une agriculture identique à celle des années 70.

La nature semble se révolter aujourd'hui, neanmoins il reste que 90 % des sols français sont pollués, que l'eau et la vie du sol sont en danger mais que les agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur travail, un travail toujours difficile et très astreignant comparé à la plupart des travaux de l'industrie et des services contemporains.

Bertrand Huart a une exploitation de poules en bio (Cocorette) et une production de lait (conventionnel) avec 200 vaches laitières. Il a expliqué qu'il avait eu la chance d'avoir une famille qui le soutenait, un cousin avec qui il partage l'exploitation sur Odomez, mais que les choix sont fait en fonction de ce que les banques et les moyens autorisent. " C'est un métier magnifique mais lourd à porter, on ne compte pas ses heures". Il faut savoir que l'élévage permet de prendre soin de l'environnement  quand on ne parle pas d'élévage industriel . Quand on travaille avec Sodial (Candia, Yoplait), qui a un modèle coopératif, on est dans un système vertueux sinon on peut etre pris à la gorge. C'est à vous, consommateurs de faire attention à vos achats, à voir quel est l'origine des produits que vous achetez car c'est sûr qu'une agriculture très intensive, souvent plus polluante, vendra à prix moins cher mais alors que reste-t-il aux agriculteurs français soumis aux normes? Il faut savoir ce que vous voulez: "du bon" mais à un prix correct et moins polluant, ou du " pas cher" mais produit en dehors de France de façon intensive et qui fera mourir l'agriculture française (le cas d'un éleveur de moutons du Mont Saint Michel est évoqué).

M. Vandesompeele a cédé son entreprise à son fils, en production maraichère bio. Il explique qu'il est quand même difficile de trouver de la main d'oeuvre (par exemple pour désherber, c'est ainsi qu'il utilise un paillage plastique par défaut). Il nous explique que la conjoncture est plutôt mauvaise en bio et que beaucoup de collègues repassent en conventionnel. La santé, cela a un prix mais pour les agriculteurs cela veut dire moins de rendement et donc des prix plus élévés que les consommateurs refusent de payer en choisissant d'autres produits.moins cher, non bio, et souvent des pays étrangers. Il faut aussi savoir que les aides de l'Europe (la PAC) servent enormément les plus grosses exploitations puisqu'elle est distribuée à l'hectare.

Les éclairages de ces deux agriculteurs, le film et les données ajoutées par Yves (le problème des variations des cours des céréales en bourse, le problème de la cession des terres avec ou sans la SAFER, le probleme de la faible "pension" des agriculteurs partant à la retraite,de la fertilité des sols selon la region, des traditions d'élévage..;) ont permis de toucher du doigt la complexité du problème agricole et de ne souhaiter qu'une chose ,que la parole puisse favoriser les négociations entre les uns et les autres, car personne ne détient à lui seul la vérité.

 

Article publié par cmr • Publié le Lundi 18 mars 2024 - 17h01 • 119 visites

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